Diverses coupures de presse ayant passé dans les journaux sur les

NEW HOT PLAYERS

          

                     Coupure parue, suite à sortie de la 2ème série d'enregistrements le

Certains musiciens, certes bien intentionnés, trouveront peut-être vain que nous consacrions un article à la musique de
jazz. Et pourtant, nous pensons que le mélomane d’aujourd’hui qui admire Bach, Mozart ou Debussy, peut aussi prendre
plaisir à une improvisation hot – tout comme l’amateur de théâtre du XVIIme siècle, se laissait tour à tour émouvoir par 
" le Cid ", puis amuser par les " Gelosi " jouant la " Commedia dell’arte ". N’y a-t-il pas des jours où les nourritures
substantielles du grand art nous paraissent bien lourdes et où un petit quelque chose pris sur le pouce, sans façon, sans
apprêt, a le pouvoir de nous ravigoter ? C’était le pouvoir de la " Commedia dell’arte ", c’est encore le pouvoir du jazz.
Remarquons que la similitude existant entre ces deux formes d’art populaire ne s’arrête pas là. On sait que dans la 
" Commedia dell’arte " les acteurs improvisaient le dialogue d’après un canevas arrêté. Que par conséquent l’acteur, 
pour autant qu’il se conformât au cadre général, avait toute latitude et que son invention, sa verve, ses lazzis, sa mimique
faisaient tout le succès de la " Commedia dell’arte ". Or il est de même dans le jazz où les musiciens improvisent sur un
thème donné et où tout leur est permis, pur autant qu’ils respectent les harmonies qui sont à la base de ce thème. Aussi
comprendra-t-on que la réussite d’une improvisation hot dépende essentiellement de la valeur des interprètes. De là la
nécessité pour l’amateur de jazz de faire un choix entre les orchestres. 
 
Le jeune ensemble neuchâtelois qui s’est fait connaître depuis quelques années déjà sous le nom de New Hot Players
rentre précisément dans la catégorie des bons orchestres de jazz et nous ne croyons pas nous tromper en disant qu’ils
est même un des meilleurs ensembles de jazz de notre pays.  On se souvient peut-être qu’en 1940, les New Hot Players
avait enregistré une première série de disques. Nous avions signalé à l’époque dans ce journal les qualités (et aussi
certaines défaillances) de ces premiers disques et souhaité que les New Hot Players puissent par la suite réaliser les
promesses que laissait espérer ce premier essai.
En bien ! c’est aujourd’hui chose faite. Ils nous proposent une nouvelle série de quatre disques (Elite Spécial Nos 4200,
4201, 4202, 4203), dont trois d’entre eux sont parfaits et dépassent de cent coudées ceux de 1940, mais surtout aux
changements intervenues depuis sans la composition de l’orchestre. En voici la formation actuelle :
Section Mélodique : Charles Wilhelm, clarinette ; Henry DuPasquier, saxophone ténor ; Charles Matthey,
trompette ; Raymond Blum, trombone.
Section rythmique : Claude Frieden, piano ; Paul Junod, contrebasse ; Giovan Marcozzi, batterie.
La section mélodique actuelle compte un musicien de plus que celle de 1940. Si elle a perdu un trombone irremplaçable
par le départ de Claude de Coulon, elle s’est, par contre enrichie d’un trompette de classe et à trouvé en Raymond Blum
un musicien qui s’il n’a pas encore l’étoffe d’un soliste (et cela se comprend, puisqu’il y a deux ans, Blum n’avait encore
jamais soufflé dans un trombone !) tient toujours parfaitement sa partie dans les ensembles. Ces deux musiciens
forment avec les deux animateurs de l’orchestre que sont Wilhelm et DuPasquier, une section mélodique d’une grande
cohésion.
A l’exception de Marcozzi, la section rythmique a été complètement renouvelée. Elle est l’égale de la section mélodique,
ce qui n’est pas peu dire ; Frieden est aussi bon comme soliste que comme accompagnateur et a un jeu toujours souple
qui tranche heureusement avec la dureté de trop de pianistes de jazz, Junod a été une bonne acquisition pour les New
Hot Players ; grâce à cet excellent contrebassiste, leurs exécutions reposent toujours sur une base d’une grande solidité
et qui a l’avantage d’être non seulement rythmique, mais mélodique. Quant à Marcozzi, nous n’avons jamais douté de
ses qualités de drummer et nous sommes heureux de constater combien son jeu s’est dépouillé ; mais aussi qu’elle
puissance intérieure absente des disques de 1940 !

il n’est pas dans nos intentions d’analyser ici les huit faces que viennent d’enregistrer les New Hot Players. Nous
aimerions toutefois en dégager quelques caractères généraux et voir plus particulièrement quelques-unes d’entre elles. 
Il faut d’abord féliciter les New Hot Players qui persévèrent, malgré les modes souvent contraires, à jouer selon la
tradition du bon vieux jazz, ou plutôt selon les traditions, puisqu’il faut en distinguer au moins trois : Dixieland, New-
Orléans, Chicagoans. Ils n’ont peut-être pas style qui leur soit propre, ils empruntent de-ci, de-là, mais leurs interprétations
prisent une à une ont l’avantage de former un tout homogène, et c’est déjà beaucoup. Ce respect des traditions fait que
l’improvisation, tant individuelle que collective, occupe la quasi totalité de leurs exécutions. Elles se déroulent du reste
selon un plan à peu près invariable et qui a fait ses preuves depuis la naissance du jazz ; chorus d’exposition par le tutti,
suite d’improvisations individuelles sur le thème proposé, chorus final d’improvisation collective.
Voyez, par exemple, " That’s a plenty " qui nous paraît être la face la plus parfaite, Dans un premier chorus d’ensemble,
les quatre instruments mélodiques, conduits par la trompette, exposent le thème en une marche parallèle. Mais
remarquez pendant ce chorus d’exposition les incartades de la clarinette qui lance de rapides guirlandes de notes et du
trombone qui rugit du plus grave de sa tessiture de terrifiants glissandos, ---- et dites-moi si on ne retrouve pas là quelque
chose des lazzis de la " Commedia dell’arte " ? Charles Wilhelm prend ensuite un demi-chorus d’une belle envolée, 
admirablement soutenu par le piano et le reste de la section rythmique.  Remarquez du reste combien dans tous ces
disques Wilhelm et Frieden se complètent bien, à tel point que les solos du premier deviennent souvent des duos entre 
la clarinette et le piano. C’est ensuite un demi-chorus d’improvisation collective d’une belle unité de style, puis un
arrangement de douze mesures pur le tutti dans un style fanfare de l’effet le plus cocasse. Les trente-deux mesures qui 
suivent sont à notre point de vue la petite merveille de ces quatre disques ; c’est un solo de Charles Wilhelm en grande
forme, et c’est tout dire ! La première partie dans le grave, avec un accompagnement nourri ; un break de batterie amène
la seconde partie, dans l’aigu sur un soutien rythmique sobre et puissant. Écoutez ce chorus et vous m’en direz des
nouvelles ! Ensuite, Matthey et DuPasquier improvisent chacun un demi-chorus dans un style parfait, le premier avec
d’émouvantes sonorités à la trompette bouchée. Le dernier demi-chorus d’improvisation collective débute par huit 
mesures jouées piano, d’une passion toute contenue (procédé cher aux Chicagoans), pour se terminer ensuite dans un
déchaînement de forces d’une tension extraordinaire.

Quatre autres exécutions des New Hot Players sont taillées sur le même patron et ne sont pas loin d’atteindre " That’s a plenty ". Ce sont " Shine ", " Looking, for love ", " Dark town strutter’s ball " et " It’s gonna be you ". Les deux dernières faces contiennent en outre de très bons solos de Frieden qui a raison de s’inspirer d’Earl Hines. " It’s gonna be you " offre d’admirables solos de chacun des musiciens, y compris Blum qui prend avec beaucoup de sûreté le middle-part du dernier chorus. " Since my best gal turned me down " vaut par la part importante qu’il laisse à l’improvisation collective(quatre chorus sur cinq)et l’atmosphère Dixieland qu’il retrouve avec un rare bonheur. Quant au quatrième disque, il est nettement inférieur aux précédents et " Let’s play the blues " nous fait regretter le beau " Tin Roof Blues " de 1940.

A cette réserve près, nous disons bravo aux New Hot Players et espérons qu’ils auront d’autres occasions de graver leurs belles improvisations.                                                                     P.-E. B.

 
 

 

Dans Hot Revue N° 11 en l'année 1946

De 1940 à 1941 un excellent ensemble d’amateurs faisait la joie des hot-fans chaux-de-fonniers et neuchâtelois : Les New Hot Players. Si le style de cet ensemble n’a rien à voir avec l’esprit jazz noir et ne nous plonge pas en " plein " dans l’ambiance 1927, il n’en reste pas moins un des sommets du jazz suisse et il est incontestable que cette formation rivalise avec n’importe quel orchestre d’amateurs suisses.

Il nous semble principalement inspiré du Tag Time Band de " Muggsy Spanier "et des Bob Cats de Bob Crosby. Cela nous prouve que les " Classiques du Jazz " sont au premier plan de son répertoire.

Un fait est à relever : C’est le premier orchestre qui enregistrera après 1940 la fameuse marche de la Nouvelle-Orléans That’s a plenty (paru plus tard s/V disc) l’arrangement oral qui en forme la première partie, et l’improvisation collective qui termine ce disque sont, nous semble-t-il, parfaits.

D’ailleurs tous les disques de cet ensemble qui sont en vente en Suisse sont d’aussi bon augure. Citons pour n’en nommer que quelques-uns : Since My best Gal turned me down ; Shine ; Darktown Strutter’s Ball. Il est regrettable que les studios de notre pays délaissent complètement ces faces, et nous en faire entendre une chaque année ne nous semblerait pas exagéré.

La formation des " New Hot " est la suivante : clarinette (saxo et piano) : Charles Wilhelm  - ténor saxo (clarinette) : Henry Du Pasquier – trompette (piano) : Charles Matthey – trombonne (piano) : Raymond Blum – piano : Claude Frieden – basse : Paul Junod – drums : Giovan Marcozzi.

La description ci-dessus nous montre que presque tous les musiciens se doublent d’un second instrument (où nous préférons parfois les entendre).

Les deux figures les plus marquantes en sont le chef du " Band " Charles Wilhelm qui comme nous l’avons dit est aussi un excellent pianiste et Raymond Blum qui, à l’heure actuelle, est certainement le meilleur trombone suisse.

La mort du trompettiste Charles Matthey survenue il y a un an, et le départ du bassiste ont mis fin malheureusement, aux sessions ordinaires de cet ensemble.

Depuis un an nous avons le plaisir de les entendre en Jam-Session et nous les avons applaudis, improvisant avec l’orchestre de Hazy Osterwalder et avec les " Dixie Dandies ".

Un des arrangements des " New Hot Players " que nous préférons et qui enthousiasmerait bien des amateurs de * Jazz authentique " est le vieux " Click-mook Giorgin Cake Me " ou " Birth of the Blues " du film Jazz Parade.

Une seule chose est à souhaiter : entendre à nouveau régulièrement les " New Hot Players " qui tiennent haut le fanion du Jazz-Hot suisse, car n'oublions pas qu'il y a quelques années, ils défendirent les couleurs de notre pays au concours international d'orchestre de jazz à Bruxelles où ils sortirent premier devant bien des " cracs " européens.

 

 

 

Sortie après 25 ans d'un microsillon 33 tours

regroupant les 15 disques 78 tours

Coupure de presse parue dans l'Impartial du 8 février 1966

 

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Dernière mise à jour : 07 novembre 2005